De l’iconographie vernaculaire aux symboles religieux en passant par des évocations de l’espace public, avec un serpent forgé ou un bassin ornementé d’une mosaïque, Valentin Carron interroge des identités par les formes qu’elles célèbrent. Les objets, images, symboles et usages populaires sont détournés avec humour quand l’imagerie de l’art moderne et du folklore, traditionnel ou contemporain, est rejouée. Des lanternes évoquent une Suisse chimérique avec montagnes et chalets, ou un midwest américain édénique avec sculptures en bois, parcs naturels et parcs d’attractions. Toutes ces œuvres oscillent entre la célébration et la critique d’un pays romantique et sauvage, un mythe élaboré comme terreau de la nation. Mais bien qu’il joue avec l’authenticité, l’artisanat, le ready-made, ou l’esthétique du kitsch, Valentin Carron ne se plie à aucune idéologie. Par ses œuvres, la mémoire de tous devient un monument à la gloire de la vie de chacun. Pour la Biennale de Sélestat, Valentin Carron a choisi une double intervention, au sein de l’église Saint-Georges et, non loin, dans l’espace public. La première œuvre, un serpent, évoque autant la symbolique chrétienne qu’elle révèle la polysémie d’un tel motif. La seconde, une forme élémentaire, est réalisée, pour la première fois dans l’œuvre de l’artiste, en béton et marbre. Par cette œuvre constituée de fragments de marbre issus d’une carrière qui a fourni l’Opéra Garnier et l’architecte Adolf Loos (marbre cipolin de Saillon en Valais), Valentin Carron souligne l’importance du réemploi dans l’histoire de la sculpture.
Julien Fronsacq
Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation Suisse pour la culture
He we we you they, 2013
Fer, 342 x 43 x 25 cm
Courtesy de l’artiste et de la galerie Eva Presenhuber, Zurich
Stairs podium, 2013
Béton et marbre Cipolin, 138 x 120 x 36 cm
Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eva Presenhuber, Zurich
Les oeuvres sont visibles dans l’Eglise Saint-Georges et sur le chemin à gauche de cette même Eglise