C’est en s’attachant à la mémoire de nos aînés et en parcourant les archives que l’on découvre l’origine du Corso. Pour en saisir toutes les facettes, il faut remonter jusqu’en 1927.
Cette année-là, à l'occasion du congrès des Jardins Ouvriers d'Alsace, l'association locale organisa un cortège fleuri probablement pour favoriser la propagande autour de la création des petits jardins, en faisant la part belle aux fruits et légumes. Il faut dire que la cité humaniste d'alors était réputée pour sa tradition maraîchère qui perdure aujourd'hui encore.
Ce premier cortège se composait de charrettes de fumier fleuries, de brouettes, de voitures, de bicyclettes et de petits chars décorés.
Mais c'est véritablement en 1929, sous l'impulsion du maire de l'époque, le Dr Auguste Bronner, que le cortège se transforma en corso fleuri.
Les Corsos furent longtemps répartis en trois, quatre ou cinq groupes, chacun précédé par une société de musique. On trouvait parmi les premiers défilés - à côté de sujets uniquement publicitaires - des sujets inspirés par les corporations (jardiniers, bouchers, boulangers), par l’histoire coloniale dont les Français des années 30 étaient très fiers, ou par les activités propres à des particuliers et des sociétés.
Les " autos fleuries " étaient nombreuses, publicitaires ou non, et la " petite reine ", la bicyclette, était particulièrement à l’honneur. Le Corso Fleuri de Sélestat, s’il est devenu ce qu’il est aujourd’hui, le doit aux qualités et au dynamisme de ses participants, particuliers et commerçants, mais aussi à des personnalités qui, successivement, y ont apporté leur touche personnelle pleine de fantaisie. Le Dr Bronner était loin d’imaginer, à l’époque, l’ampleur prise depuis par la manifestation qu’il mettait alors sur pied et loin de se douter que sa longévité surpasserait celle de toutes les initiatives du même genre ... même si, dès la première année, il avait l’ambition de rivaliser avec les cortèges les plus réputés de la région.
Si chaque Corso a sa propre histoire et ses anecdotes, certains ont davantage marqué les esprits : "Bouquet d’anniversaire" (1969), " Le tour du monde " (1978), "Tintin au pays des dahlias " (1986) ou encore "Transport et communication " (1990) avec la célèbre affiche de Tomi Ungerer... quelques exemples parmi tant d’autres.
Chacune des décennies passées a apporté son lot d'innovation. Mais deux d'entre-elles ont véritablement marqué son évolution : la déclinaison d'un thème au cortège en 1954 et la création d'un corso de nuit avec des dahlias scintillants de mille feux en 1960.
Aujourd'hui, le corso brille toujours encore par la passion d'hommes et de femmes, agents et bénévoles associatifs, toutes générations confondues qui s'activent en coulisses, quatre mois durant, pour faire du corso fleuri de Sélestat, une des fêtes florales les plus importantes de l’Est de la France.
Originaire des Hauts Plateaux du Mexique où elle a été découverte en 1788 par des botanistes espagnols, cette fleur a été introduite en 1789 en Espagne, provoquant à sa manière une petite révolution botanique sur le vieux continent.
A l’aube des premières floraisons, l’année suivante, il fut décidé de dédier ces fleurs au célèbre botaniste suédois Andréas Dahl en lui attribuant le nom de dahlia.
Symbole de reconnaissance et de remerciement pour les uns et de splendeur pour les autres, le dahlia décora peu de temps après en France les massifs et les parterres, faisant ainsi le bonheur des botanistes comme des jardiniers amateurs. C’est une fleur particulièrement décorative par sa taille, sa forme, ses couleurs et ses tons lumineux.
Avec le temps, le dahlia devint la fleur par excellence pour orner la parade : pour ses nombreuses variétés, pour son exceptionnelle palette de couleurs et de formes et pour la taille de son bouton floral facile à travailler.
Le dahlia a traversé une grande partie de l’histoire de la ville de Sélestat et chaque édition du corso est aussi un hommage en forme de bouquet multicolore à une fleur sans laquelle le Corso ne serait pas ce qu’il est.